19 juin 2010

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Séduire était le mot clef. La mort aurait pu aller directement chez le violoncelliste, sonner à sa porte, et, quand il lui ouvrirait, lui lancer le premier appât d’un sourire enjôleur après avoir retiré ses lunettes sombres, lui annoncer, par exemple, qu’elle vendait des encyclopédies, prétexte archiconnu, mais aux résultats presque toujours assurés, et alors, de deux choses l’une, soit il l’inviterait à entrer pour discuter tranquillement la question devant une tasse de thé, soit il lui dirait immédiatement que cela ne l’intéressait pas et ferait le geste de refermer la porte, tout en s’excusant courtoisement de son refus, Si encore c’était une encyclopédie musicale, se justifierait-il avec un sourire timide.
Jose Saramago Les intermittences de la mort Seuil 2008  (As Intermitências da Morte)

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