28 février 2014

Subliminal

Ma surprise a suscité une explication: ses séjours au Pérou, en 2010 puis en 2013, l'ont forcée à boire de ces tisanes que tous consomment là-bas, jamais en mangeant comme elle avec son eau froide, toujours après les repas, toujours avec du sucre. C'est bien pourquoi j'ai servi, pour accompagner le roastbeef du jour de l'an, une infusion japonaise d'orge grillé, dont l'arôme a ravivé des souvenirs chez son conjoint. N'empêche...
Elle m'a apporté trois romans dans lesquels elle avait repéré du thé et c'est en trouvant les extraits notés que j'ai mis le doigt, je crois, sur le véritable déclencheur.
Erica lève les yeux de son livre d'ethnologie et anthropologie culturelle. Elle essaie d'apprendre par cœur un passage qu'elle juge important pour l'examen, mais renonce en plein milieu, essaie à nouveau, et renonce encore. Rien à faire, ça ne rentre pas. Inutile d'insister. Elle va à la cuisine, met de l'eau dans la bouilloire, prépare la tisanière, le sucre de canne et une petite cuillère, puis elle prend dans le placard la boîte en fer-blanc contenant les sachets de tisane. Elle hésite. Celle-là, non. Celle-là, j'en ai bu hier. Celle-ci n'a aucun goût. Voilà, celle-là. Groseille, vanille et ginseng. Quand l'eau bout, elle la verse dans la tisanière, glisse le sachet et couvre la tasse. Au bout des trois minutes rituelles, elle retire le couvercle, ajoute du sucre et s'assied. Elle souffle et en boit une gorgée. Elle est bonne. On sent bien la groseille. Elle boit encore en savourant le mélange des saveurs.
Cette tasse blanche avec une petite frise de fleurs orange en haut, de la marque Thun, c'est un cadeau de Giò avant Noël, trois ans plus tôt. Il connaissait la passion d'Erica pour les tisanes et tous les accessoires pour les préparer, alors il lui avait offert une tisanière, un filtre et un couvercle, plus un mélange de thé blanc, mauve et hibiscus. Erica avait beaucoup apprécié cette attention recherchée.
Federico Moccia J'ai failli te dire oui Livre de Poche 2010 Calmann-Lévy (Scusa ma ti voglio sposare, Rizzoli 2009)
 À la lueur de cette découverte, de quels romans pourrais-je lui suggérer la lecture en espérant que les passages sur le thé l'influencent favorablement envers cette boisson?

27 février 2014

Pierre blanche

Si je m'attendais à ça.
"Oui."
Je venais de lui offrir une tisane, par politesse puisque je me préparais une menthe.
La cadette a dit oui.
L'irréductible de l'eau glacée a accepté une boisson chaude.
Dans l'assortiment, elle a choisi camomille. Avec du sucre, a-t-elle préféré au miel offert.
La frileuse a bientôt retiré son cardigan d'alpaga.
Je garde les enveloppes des sachets dans le five-year memory book qui verra peut-être une autre pierre blanche si elle accepte un jour du thé. Tous les espoirs sont désormais permis.

25 février 2014

Fait à la main


Même si j'ai déjà acquis des livres pour leur calligraphie
Branch, Koch, Midda, Evans, Bastin, Frost, manuscrits de poèmes et de lettres
timbres de Donald Evans
Tea in the garden de Sara Midda in In and out of the garden
 j'avoue ne plus les rechercher alors si Angela n'en avait pas parlé avec enthousiasme en septembre, je n'aurais pas attendu qu'il soit disponible ici. Je l'avais reçu en janvier, avais trouvé la théière montrée par Angela et l'avais mis de côté, comme un thé goûté aussitôt reçu puis rangé sur la tablette, pas oublié, mis en réserve plutôt.

Après les deux romans instructifs dont j'ai parlé précédemment, A fine romance de Susan Branch semble bien léger tellement il offre de distractions à l'oeil qui apprécie le lettrage manuscrit, les initiales aquarellées, les bordures et les dessins. Le texte si joliment écrit est pourtant riche d'informations car il s'agit d'un journal de voyage qui commence avec la traversée sur le Queen Mary II pour aller passer deux mois dans la campagne anglaise. C'est un enchantement de suivre ce couple, elle avec ses pinceaux et son mélange lavande-Earl Grey, lui avec son béret et son PG Tips.

J'ai beau le lire doucement, le laisser fondre comme le bonbon qu'il est, ce livre achève. Il sera bientôt temps d'aller explorer la page de liens que Susan offre à ses lecteurs.

24 février 2014

The bitter tea of colonel B

J'ai commencé Together Tea le 3 février, je l'avais commandé sans savoir qu'il parlerait d'une famille d'immigrants iraniens. Le 13, j'ai choisi de regarder House of sand and fog, pour la seule présence de Jennifer Connelly et Ben Kingsley à l'écran, sans savoir que le film mettait en vedette une famille d'immigrants iraniens. Il y eut du thé à quelques reprises
et j'ai emprunté le livre éponyme à la bibliothèque. Un coup d'oeil à la fin m'a suffi pour constater que la scène de thé ci-dessus ne se trouvait pas dans le livre.
Mes sentiments sont ambivalents: j'aime la présence du thé, discrète dans le décor ou ponctuelle dans le déroulement, mais je n'aime pas le voir frelaté.

23 février 2014

Together tea

Together tea de Marjan Kamali, acheté en ligne pour son titre, s'est révélé plein de thé, iranien de surcroît. Depuis le salon des parents émigrés aux Etats-Unis qui reçoivent les bons partis pour leur fille de 25 ans
He nodded and looked again at the Persian miniatures on the wall. Mina studied the tablecloth.
“Here is tea!” Darya bounced in holding a tray with four estekan, small hourglass-shaped glasses, filled with dark tea. Baba carried a silver bowl of sugar cubes in one hand and a platter of baklava cut into diamonds in the other.
jusqu'au thé que prennent la mère et sa fille dans un salon de thé d'Isfahan car elles sont retournées en Iran quinze ans après leur fuite,
She took her to a teahouse that she remembered from years ago near the Bridge of Thirty-three Arches. The door was tucked away under the bridge and steps led down to a cozy room where tea was served. Darya was delighted to find the teahouse as she remembered it. People sat shoeless on Persian rugs, leaning against crimson and burgundy carpeted cushions. Men smoked ghalyoon, women relaxed drinking. Darya showed Mina where to stow her shoes. She motioned to the waiter and they sat. How many tea bags bobbing in lukewarm water had she put up with in the States? But here, they would have real tea with leaves meticulously selected and mixed in just the right proportion. The brewing, the dam-avardan, would be supervised with care. At the right time, the tea would be poured into estekan and served with hacked-off pieces of sugar. Darya couldn't wait to put the sugar between her teeth, to feel it slowly dissolve and melt in her mouth as she sipped.
le thé se retrouve dans les rêves de la gamine,
That night Mina dreamed that she was sitting by the beach with John Travolta, enjoying a cup of tea. The crown prince was flailing in the waves, trying to get her attention, but Mina was too busy chatting with Mr. Travolta. She could hear the crown prince screaming for help, yelling about sharks, but she found herself unable to help him. “Let him drown,” John Travolta said. “He's useless, just selfish. Greedy too.” Mina could only nod. “Be a doll and get me another cup of tea,” John Travolta said. And Mina got up and poured him a fresh hot cup from the samovar that was on a Persian carpet on the sand. They sat together looking at the horizon, she and John, and sipped their tea through thick chunks of sugar that they had placed between their teeth.

 dans les souvenirs de l'adolescente,
Mina's knees weakened and she found herself sinking to the floor. She could feel the softness of the upper part of Mamani's arm against her head. She could smell the tea brewing on the samovar, the sound of her grandfather's voice. The living room in Queens with its TV set and coffee-table books melted away.
dans le quotidien de la jeune femme,
She boiled water and then brewed tea the way Darya had taught her, balancing the teapot on top of the open kettle so that steam from the boiled water underneath would gently simmer the leaves. She covered the teapot with a cloth so no heat could escape. Half Earl Grey, half mystery leaves. Darya's brew.
dans les cours du soir de sa mère,
He ordered Darya some tea, and she pretended not to be disgusted by the leaf-filled bag floating in lukewarm water. They sat by the window, and part of Darya felt as if she were in a movie. It's just coffee. It's just tea. It's just time after class with a classmate. Parviz is picking me up soon.
dans l'accueil qui leur est fait  à leur descente d'avion.
When Darya was cleared, they went to the baggage claim and then to the arrival gate. There Mina saw a group of people holding yellow and white flowers, some red carnations, a bouquet of pink roses. They drank from Styrofoam cups. A stainless steel thermos was being passed around. It was four in the morning and there they were, craning their heads, searching the faces of the arriving passengers.
[...]
With the wet hanky in one hand, she started to clap, and the rest of the group – Leila and her two children, Aunt Nikki and Uncle Jafar, the small collection of young cousins, and all the rest who had come there to greet them – broke out into applause even if a few of them had to clap against their thigh, due to their other hand being occupied, resolutely and expertly, with that perfect cup of tea.
 Ce livre a été traduit en italien. Peut-être en français un jour.

20 février 2014

Hélio

phile? Plutôt trope. Après le déjeuner pris au nord-est, je pars m'asseoir devant la fenêtre franc est et son lilas. Même si je dois augmenter la brillance de l'écran d'ordi, j'apprécie les ombres mouvantes, indices du temps qu'il fait et qui passe. Certains jours, comme aujourd'hui, je m'installe avec mon plateau devant la fenêtre sud, pour dîner en lisant. Le livre ne doit pas être placé en plein soleil sous peine de devoir porter des lunettes noires contre l'éblouissement. Le dos et le thé au soleil, la lecture est confortable.
c'est mon appareil-photo qui fait de l'ombre sur ma tasse
Quand le soleil quitte cette fenêtre, celle de l'est redevient lumineuse par ricochet sur celles des voisins. Mais il est temps de rejoindre la cuisine, où les rayons reviennent depuis la fin janvier.

18 février 2014

Clair de lune

À 5 heures hier matin, la lumière n'était pas celle qui rejaillit normalement dans notre cuisine, en provenance de celle des voisins qui laissent toujours une ampoule allumée la nuit. Le rayon de lune entrait au même angle que celui du soleil vers les 3-4 heures de l'après-midi depuis le 20 janvier et causait des ombres aussi nettes. J'ai horreur d'allumer le plafonnier la nuit, cette fois je ne voulais même pas allumer la théière-veilleuse qui me guide habituellement dans la préparation de mon déjeuner. À l'aveugle, donc!
Depuis 2007 que je possède cette bouilloire électrique, je connais son poids une fois qu'il s'y trouve suffisamment d'eau du robinet pour ma consommation du matin. Je n'ai qu'à la reposer sur son socle, toujours branché, et à abaisser son bouton pour qu'elle s'éclaire de bleu. Pendant qu'elle chauffe, je rapproche la théière et sa tasse, vais chercher le Kosabei, saisis la cuillère à thé - en bois, toujours déposée dans un verre à thé marocain au fond du comptoir - pour mesurer les feuilles, que je palpe de la main gauche pour vérifier que la cuillère n'est ni comble, ni vide, et je verse dans le filtre métallique. Quand le sifflement de la bouilloire s'éteint d'un clic, j'incline celle-ci sur la théière, blanche tout de même, et je verse, plus doucement que d'habitude, ma main gauche posée sur le ventre de porcelaine, guettant le niveau de chaleur pour cesser de verser. Couvrir. Repérer à tâtons le minuteur, appuyer sur les deux boutons de gauche en même temps pour remettre à zéro, appuyer 4 fois sur l'extrême gauche, démarrer avec celui de droite, chaque action confirmée par un bip. Pendant ces 4 minutes d'infusion, je note, sous la seule lumière lunaire qui s'est élargie, l'heure et le nom du thé dans mon five year memory book, son signet toujours à la bonne journée. Je mets mon muffin à chauffer au micro-ondes. Je coupe le sifflet du minuteur avec le bouton de droite, je verse tout le thé dans la tasse et je file m'asseoir à l'est où j'ai vu le soleil se lever avant d'avoir fini de lire lapresse+ sur le iPad.

16 février 2014

Odyssée

Nous terminons, après plus de trois ans, la seconde lecture à voix haute des 21 Aubrey-Mathurin, avec "Le voyage inachevé de Jack Aubrey" par lequel nous avons commencé puisque ce dernier livre, incomplet, venait d'être traduit en 2010. Je me rappelle l'avoir lu, les enfants sur le bateau de leurs pères... alors ma surprise devant ce passage
Le jour lui-même ne fut nullement aussi net qu’il aurait dû l’être, sans l’arrivée du légat en visite. Toutefois, à l’heure du thé, Killick entra suivi de Grimble, procession de deux hommes apportant le thé, vaste plateau d’argent espagnol capturé voici bien longtemps, avec une quantité raisonnable de toasts aux anchois, de petits gâteaux, et un noble muffin.
Jack prenait le thé très au sérieux, chose naturelle, étant si exposé aux éléments. D’ailleurs, il termina seul le muffin pour deux [...]
devrait être moindre que mon indignation devant une telle affirmation: "Jack Aubrey prenait le thé au sérieux". Sacrebleu! Patrick O'Brian a toujours posé le capitaine et son chirurgien en buveurs passionnés de café, de bon café, subissant poliment le thé quand on ne leur donnait pas le choix.

14 février 2014

Ménage à quatre

J'ai beaucoup utilisé ces deux égoïstes, la preuve en étant que j'ai brisé la tasse de l'un en échappant un couteau pointe première dans le fond (le sugru que j'ai appliqué à l'extérieur empêche la blessure de s'étendre sans m'autoriser à boire)

et ébréché le bec de l'autre sans m'en rendre compte.

En visitant la page thématique de David's Tea, son "ensemble solo" verre et porcelaine a déclenché chez moi une frénésie de matchmaker. Le veuf et la veuve me feront bel usage pendant que les éclopés se tiendront compagnie.



12 février 2014

Strogoff

Toujours écrite par Jules Verne en 1876, cette scène vaut la peine d'être visualisée:
  Une certaine agglomération de ces cases, de toutes les grandeurs et de toutes les formes, formait un quartier différent, affecté à un genre spécial de commerce. Il y avait le quartier des fers, le quartier des fourrures, le quartier des laines, le quartier des bois, le quartier des tissus, le quartier des poissons secs, etc. Quelques maisons étaient même construites en matériaux de haute fantaisie, les unes avec du thé en briques, d’autres avec des moellons de viande salée, c’est-à-dire avec les échantillons des marchandises que leurs propriétaires y débitaient aux acheteurs. Singulière réclame, tant soit peu américaine !
 Une maison en briques de thé! Pas un petit cochon n'y a pensé. Heureusement, d'ailleurs, car j'imagine ce qu'une pluie sérieuse aurait infligé à une telle maison.

 http://blended.fr/art/lis-tes-ratures/ pour voir les couvertures détournées par Clémentine Mélois, bijoux d'imagination sertis de connaissance.
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09 février 2014

Michel

Michel Strogoff crut donc devoir se contenter du menu qui allait suffire à sa compagne, c’est-à-dire d’un peu de « koulbat », sorte de pâté fait avec des jaunes d’œufs, du riz et de la viande pilée, de choux rouges farcis au caviar et de thé pour toute boisson.
Ce repas ne fut donc ni long ni coûteux, [...]
Jules Verne Michel Strogoff 1876
Selon cette page, le koulbat serait à l'origine du steak tartare, qui n'est pas donné de nos jours, alors avec le caviar...
J'ai trouvé un repas peu coûteux, 146 roubles en 2009, dans une cafétéria-relique http://finaltransit.com/blog/2009/09/11/stolovaya-no-17/   (photos)
Pour un prix semblable, en 2014 il y a aussi un thé sur ce plateau moins bien garni, self-service à Sotchi toujours http://fr.ria.ru/sotchi2014_mm/20140204/200383358.html   (video commenté en français) Ce journaliste a-t-il refusé le citron ou ne lui en a-t-on pas offert?

06 février 2014

Kusmiti

Bill offre une belle compilation d'annonces de thé au côté artistique plus développé. Je connaissais déjà les deux premières de Twinings, avec une préférence pour la seconde, la troisième est un nouveau coup de coeur.
Mais c'est Carol qui a pointé vers une pub de Kusmi  qu'elle a aperçue à Paris, pour le Prince Vladimir. J'en ai trouvé deux autres dans la même veine et je choisis d'insérer Sweet Love parce que c'est un mélange de thé noir, d'épices et de guarana.


02 février 2014

Les robes des thés

En cette année du cheval, je boirai des alezans si je ne regarde que la liqueur, des bais si les feuilles sont la crinière pendant que la tasse contient le pelage.
L'aspect des feuilles m'intéresse, bien sûr,
poster du Tea Council of Canada, fin 20e siècle
mais je préfère avoir un aperçu de la liqueur. (Merci encore à Phoebe d'avoir accepté de me commander cette affiche qui garnissait un mur des w.c. dans son salon de thé O-Cha-I.)
poster de la Metropolitan Tea Company, 1999
Même si les nuances peuvent grandement différer selon la tasse, l'éclairage, l'appareil-photo...
ou le dessus et le fond de la théière.
Darjeeling: premier versé à droite, reste de l'infusion à gauche.