28 février 2018

Couleurs

J'ai dû utiliser le plus robuste de mes supports à livre pour celui-ci
Les couleurs du thé de Christine Dattner 2014
que j'ai emprunté en pensant aux si beaux voeux de Vanessa. Et pour faire plaisir à la bibliothécaire qui l'avait choisi pour moi, et pour éventuellement comparer avec les deux précédents que je possède de cette "créatrice de thé" comme le dit la 4e de couverture.

Il fut un temps où ce grand format, ce stylisme et ces photos pleine page m'auraient suffi, je ne lisais pas l'introduction, ni la bibliographie. Alors que maintenant, je tique quand elles sont absentes, comme ici. Je bronche aussi quand il y a des tisanes dans le sommaire, quand les annexes ET les remerciements ne sont que de bonnes adresses, quand on écrit de Marco Polo qu'il serait le premier Européen à décrire le thé au 13e siècle. J'applaudis quand on crédite aussi Bombay dans la dot de Catherine, et aussi en découvrant un nouvel ancêtre au samovar, le skipeïnik... qui ne génère aucun résultat dans gg, un exploit. De nouvelles versions sur l'origine de l'Earl Grey, du thé au lait, du Wu Long.

Pour ceux que ça intéresse: 25 recettes, réparties par couleur.




25 février 2018

ça glisse

En 2012, je prenais mes notes de lecture à la main et les transcrivais dans OO avant de les archiver une fois de plus dans Drive. Je trouvais plus naturel de faire des flèches, d'entourer, de souligner une, deux, voire trois fois quand les points d'exclamation dans la marge ne suffisaient pas. Je croyais aussi, bien naÏvement, que je me souviendrais plus durablement de mes découvertes et indignations en les écrivant, nenni!
Je tape donc directement sur le portable, d'autant plus que les livres sont maintenus ouverts devant moi. J'ai pu croire que ce serait plus rapide, or il n'en est rien car dès qu'un doute, soulevé par une lecture lointaine sur l'actuelle, se pointe, je cherche dans mes fichiers OO ou sur le Net, ce qui peut confirmer mon vague souvenir ou les propos de l'auteur. C'est passionnant dans un sens et dans l'autre, seulement ça multiplie le temps de lecture, indirectement comparée, par deux ou dix. 
Et je n'ai pas encore fixé mes points de repère: qu'est-ce que je mets en majuscules, en italique, en gras? si je surligne? de quelle couleur pour erreur flagrante? faute de frappe? de date? quand ajouter un commentaire en marge, sachant qu'il ne suivra pas dans Drive?
Ayant conscience des difficultés liées à la rédaction et à l'édition d'un texte, subodorant celles de la publication, j'ai toujours une bonne dose d'indulgence à touiller dans les pages d'un livre sur le thé.
Celui-ci, 
L'heure de véri-thé d'Arnaud Bachelin
par son titre, son format et sa couverture, pourrait être un roman. À ne pas lire dans le métro car le maintenir ouvert exige un effort considérable, surtout d'une seule main.
L'ayant lu confortablement, je l'intitulerais franchement L'archéologue et le thé. La formation d'Arnaud Bachelin, qui s'intéresse au thé depuis une dizaine d'années, le fait établir des liens insoupçonnés entre les styles comme celui de la Brown Betty et de la Yixing, mieux encore entre le samovar et l'authepsa. Il est fier de ses racines au point de commencer son livre, sans préambule ni introduction, par elles. 

C'est dans la conclusion que se trouve le but de l'auteur: nous divertir. Ah. Il y a donc un index des 22 recettes en plus de la table des matières, mais aucune bibliographie. 
J'ai apprécié qu'il consacre tout un chapitre à Robert Fortune, même s'il a d'abord déploré qu'aucune correspondance n'ait été échangée entre lui et Guillemin, mais qu'il aille jusqu'à lui décerner le titre de "père du thé" aux Etats-Unis me paraît excessif. Et insuffisant le rôle qu'il attribue à Catherine de Bragrance: ce ne serait que sa consommation de thé et les porcelaines dans ses bagages qui auraient popularisé la boisson en Angleterre, il passe sous silence Bombay dans sa dot, qui a grandement facilité le commerce anglais.
Il a su dénicher des apports français au commerce (contrebande), à la diffusion (Michaux) et à la culture (salons imitent cafés) du thé, comme il a su se taire sur la position de la France en matière d'alcoolisme, de féminisme et d'esclavage.
En plus de 6 accords thé-fromage minutieusement décrits, il fournit une recette du tout récent cheese tea qui fait fureur en Asie et déferle sur le monde à présent. Ce jeune archéologue connaît les dernières tendances.

04 février 2018

ça roule

Après ces trois livres sur le thé japonais, j'avais grand'hâte de lire ce roman (commandé le 6 novembre, reçu le 27 décembre)
Le pavillon de thé de Richard Collasse 2017 Seuil
que La théière nomade a commencé avec ravissement fin novembre, tenté de reprendre peu après mais il y avait trop de sel, bref je n'ai jamais su ce qu'elle pensait de la fin, très japonaise. Normal puisque le héros, Français, habite au Japon pendant les vingt ans que couvre le roman, des années 60, quand il suit les cours d'Urasenke, aux années 80, quand il officie son dernier chanoyu.
Les détails sur la cérémonie abondent et faisaient écho à mes récentes lectures: les "mains en coque" me rappellent que ce ne sont pas des feuilles d'érable, Fukukita se fait contredire sur l'harmonie qu'il prétend régner entre les différentes écoles
Quand, fier de son emplette, il montra l'ustensile à Maître Sakurai, elle le prit du bout des doigts puis le reposa sur le tatami en sifflant dédaigneusement:
-Ça, c'est pour les Omotesenke, ce ne devrait même pas passer le seuil de ma classe! 
et quelques noms pour collectionneurs/adeptes 
...C'est plutôt dans le Kyushu qu'on retrouve l'influence coréenne, comme la céramique Karatsu de Saga.
 - J'ai un ou deux bols de style Karatsu. Vous connaissez le vieil adage: "En premier le style raku, en second le Hagi et en troisième le Karatsu." 
me font regretter que le catalogue d'exposition soit épuisé.
Je relirai volontiers les chapitres sur la cérémonie nocturne du 5 au 6 janvier 1986 ainsi que la construction du pavillon en 1968.