26 juin 2009

Cachette

Et puis, un jour de juin 1942, il fallut redescendre sur terre.
Si je ne voulais pas retomber aux mains des militaires, je n’avais qu’une solution, me cacher et demeurer dans ces montagnes le plus longtemps possible, jusqu’à la fin de la guerre peut-être. C’est en nous promenant dans les plantations de thé qu’Oki eut l’idée de me faire employer aux jardins de Boh, une manufacture perchée dans les montagnes à plus de 1500 mètres d’altitude.
A cette saison de l’année, on embauchait pour la cueillette d’été. Des femmes surtout, parce qu’agiles et légères elles peuvent escalader les flancs abrupts des montagnes et se faufiler entre les arbustes sans les piétiner, parce que leurs doigts, minces et précis, détachent les feuilles sans blesser les branches. L’idée était judicieuse. La manufacture de Boh, toujours enfouie dans un halo de nuages à plus de six heures de marche du premier village, était un refuge idéal.
Juliette Morillot Les orchidées rouges de Shanghai 2001

1 commentaire:

Thé noir a dit...

C'est fou comme j'associe maintenant les plantations de thé à des refuges en cas de guerre, génocide et autres atrocités.