21 février 2015

Traverser les pages

Ce petit livre a requis un outil
Tea A Very British Beverage de Paul Chrystal
pour livrer tout son contenu.
Ce qui lui donne un air ancien, 
 
malgré qu'il ait été publié à l'automne 2014 et imprimé au Royaume-Uni. 
 
( Nouvelle élégance? Le coupe-papier n'a dû libérer qu'une vingtaine de pages, insuffisant pour développer chez moi l'ardeur qui animait Nathalie Sarraute dans son Enfance*.)
Quelques critiques détaillées , , , , (toutes en anglais).
J'ai pris l'habitude de jeter d'abord un coup d'oeil à la bibliographie, dans laquelle je retrouve plusieurs livres déjà en ma possession, ce sont ceux que je ne connais pas que je cherche. Le plus vieux date de 1968, 
 ce qui voudrait dire que tout ce que citera l'auteur de plus ancien le sera de seconde main, minimum. Dans ses remerciements, je découvre l'existence de la Insch Tea Library,
logée à la Linnean Society, 
 
 (constituée de la collection d'un planteur, qui couvre de 1668 à 1951, à laquelle s'ajoutent en 2004 les documents accumulés par Bill Grice).
Dans l'index, je repère certaines entrées inhabituelles et les étudie d'abord.

Feminisation of tea drinking, traité en pages 30-31, est difficilement discernable car il s'agit plutôt des arguments pour et contre le thé, ainsi qu'en pages 34 à 36, qui discutent d'adultération et exposent les raisons avancées contre la consommation de thé par les pauvres. J'aurais ajouté la page 25, où se trouve expliquée la consommation du thé par les femmes dans leur maison, puisqu'elles sont interdites dans les coffee houses, ainsi que le mouvement des suffragettes, qui occupe les pages 47 à 51.

On crédite à la duchesse de Lauderdale les premiers afternoon teas, 
 
à Marie de Modène l'introduction de cette pratique en Irlande, et à Louisa Twining 
 
les allocations de thé aux domestiques.
Les guerres mondiales ont influencé la consommation de thé: dans les usines de munitions, les tea breaks ont été reconnus nécessaires, le thé faisait partie des rations aux soldats, plus ou moins selon les armées, les civils étaient rationnés, la Croix-Rouge en incluait dans les paquets aux prisonniers, 75000 tea bombs (1 once chacune) ont été lâchées sur les Pays-Bas occupés en avril 1941, et les bombardements sur Mincing Lane - la rue du thé - en 1940 ont détruit de nombreux entrepôts et bureaux de compagnies de thé.
Au sujet de l'esclavage, ce serait plutôt le sucre qu'on ajoutait abondamment aux tasses de thé qui était en cause. Ce paragraphe se termine de façon sybilline:
"The sceptre of slave labour still hovers over the tea trade today, notably in the tea plantations of India."
Paul Chrystal est souvent plus affirmatif, comme dans sa liste des accomplissements de la British East India Company au cours de ses 250 ans de règne: ... Elle a donné la laine au Japon, le chintz aux USA, les épices aux Caraïbes, l'opium à la Chine, la porcelaine à la Russie, le polo à la Perse et le thé à l'Angleterre.
Son livre, en plus de me rafraîchir la mémoire et de me faire lever un sourcil, me fournit de nombreuses avenues à revisiter et à explorer plus à fond.

*Folio 1684, p.81-82

2 commentaires:

Francine a dit...

Souvenir, souvenir... J'ai bien connu l'emploi du coupe-papier (au siècle dernier...), notamment chez PUF, et j'aimais cette excitation avant de découvrir ce qui se cachait derrière ces pages. Mais parfois, j'étais tellement impatiente que je n'en libérais qu'une partie à la fois! Je ne savais pas que cela existait encore aujourd'hui

Thé noir a dit...

;-) Je t'envoie l'extrait de Sarraute.