D'une main mal assurée, Nelly reposa sa tasse vide sur le plateau d'argent et le cliquetis délicat de la porcelaine contre le métal rompit le silence dans lequel les deux femmes s'étaient enfermées. Alice Maréchal continuait de l'observer sans impatience, avec un détachement bienveillant. La présence de cette inconnue dans son salon semblait lui procurer un moment de distraction inespéré, qu'elle prenait plaisir à savourer en même temps que son thé. p.23
Le thé revient comme un leitmotiv et il ne se passe guère de pages sans le retrouver peu ou prou.
Nelly n'avait jamais bu autant de thé que depuis son arrivée à la Boissière. Des thés différents selon les circonstances et les moments de la journée. Toniques le matin, suaves l'après-midi, apaisants le soir. Bien que, par goût et par habitude, elle préférât le café, elle finissait par apprécier ce breuvage, autant que le cérémonial immuable qui l'accompagnait et dont aucun détail jamais n'était négligé. Précision du dosage, de la température de l'eau et du temps d'infusion selon la nature du thé, Alice ne concevant pas qu'il pût être préparé à la va-vite et pris sur un coin de table, dans la première tasse venue. p.91
En dépit de cet engouement reconnu par un des personnages, la rigidité de la tradition affleure à la surface de l'admiration et bientôt, c'est la volte-face.
J'ai rarement vu autant de points de suspension dans un livre. Les sous-entendus sont pourtant détaillés et bourrés à leur tour de trois petits points. Sont-ce les grains de sucre tombés de la cuillère en route vers la tasse, ou les miettes de biscuit dans la soucoupe, toujours est-il que j'ai eu envie de secouer le livre pour l'en débarrasser.- Je vous offre quelque chose ? Un café ? proposa Mado quand elles furent arrivées.- Pourquoi pas. Ça me changera du thé, dit Nelly en descendant de voiture.[…]Nelly retrouvait ses repères, de robustes tasses à café dépourvues de soucoupes, une boîte en fer contenant le sucre, une autre les gâteaux secs, de modestes petits beurres et la cafetière électrique qui crachotait sans complexe. p.101
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