Autobio

Je viens de finir "La promesse de l'aube" de Romain Gary. S'il a parlé très tôt des cigarettes fumées par sa mère sans retenue, j'ai dû attendre la page 135 avant de l'entendre parler de la consommation de thé de cette Russe:

Encore un Câteau pour moi, un verre de thé pour ma mère : elle devait boire entre quinze et vingt verres de thé par jour.

Puis en page 146, après l'avoir corrigé magistralement:

Elle aspira l'air avec bruit, signe de satisfaction, et alla se verser un verre de thé. Elle but le thé, le morceau de sucre dans la bouche, le regard perdu, en train de chercher, de combiner, de calculer. Puis elle recracha ce qui restait du sucre dans la soucoupe, prit sa sacoche et s'en alla. Elle alla tout droit au Consulat de France...

Je retiens de cette scène d'abord qu'il ne s'agissait pas de sucre en cubes (rectangulaires en France) mais sûrement de ces cristaux translucides, plus ou moins gros, qu'on trouve dans les épiceries exotiques, puis que c'était une femme déterminée. Ne sont-ils pas installés à Nice dès la page 151:

Elle n'eut guère plus de succès dans le magasin suivant, tenu, celui-là, par un couple de bons Français bien nés, où, plaçant sous le nez du vieux monsieur le petit samovar admirablement proportionné, elle évoqua, avec une éloquence virgilienne, l'image d'une belle famille française réunie autour du samovar familial, ce à quoi le charmant M. Sérusier, lequel devait par la suite employer ma mère souvent, lui confiant des objets à la commission, répondit, en hochant la tête, et en portant à ses yeux un pince-nez enrubanné qu'il ne mettait jamais tout à fait :

- Madame, le samovar n'a jamais pu s'acclimater sous nos latitudes – ce fut dit avec un tel air de regret navré que je crus presque voir le dernier troupeau de samovars mourant dans les profondeurs de quelque forêt française.

Pour soutenir les ambitions qu'elle nourrissait pour son fils unique et préféré, en plus de vendre leur argenterie et celle d'autres "nécessiteux" haut de gamme, elle a ouvert une pension de famille.

Ma mère se levait à six heures du matin, fumait trois ou quatre cigarettes, buvait une tasse de thé, s'habillait, prenait sa canne et se rendait au marché de la Buffa, où elle régnait incontestablement.

Elle a aussi servi le thé pour régler certains ennuis à l'amiable:

On me toisa avec reproche. On soupira ensemble. On murmura. Ma mère offrit le thé à Adèle et, marque de bienveillance insigne, elle lui fit goûter à la confiture de fraises qu'elle avait préparée elle-même. Cette gourmandise était, bien entendu, interdite à ma mère, et elle en gavait quelques rares élus, en les priant ensuite de lui décrire l'effet que cela faisait.

et pour célébrer:

Ma mère réfléchit un moment. Une nouvelle idée lui traversa l'esprit :

 - Sur trois cents, le seul à ne pas avoir été nommé sous-lieutenant! dit-elle, avec une admiration et une fierté sans bornes.

Elle courut chercher le thé, les confitures, les sandwiches, les gâteaux et les fruits. Elle s'assit à la table et renifla profondément, avec une satisfaction intense.

- Raconte-moi tout, m'ordonna-t-elle.

Elle aimait les jolies histoires, ma mère. Je lui en ai raconté beaucoup.

Et lui-même semble avoir gardé d'elle cette source de réconfort:

p.284

je m'installais à la terrasse des cafés arabes et fumais un cigare, en buvant du thé vert, pour tenter de lutter, selon ma vieille habitude, par un sentiment de bien-être physique contre le malaise de mon esprit; ma mère, cependant, me suivait partout où j'allais, et sa voix s'élevait en moi avec une cinglante ironie.

p.356

Vers trois ou quatre heures du matin, je posais mon stylo, j'enfourchais ma bicyclette et allais boire une tasse de thé au mess; je montais ensuite dans mon avion et repartais en mission dans le petit matin gris, contre des objectifs puissamment défendus. Presque toujours, au matin, un camarade manquait; …

Quant à sa dernière mention, en p. 358:

La publication d'Education Européenne en Angleterre me rendit presque célèbre...

Je fus invité à prendre le thé par Mrs. Eden, la femme du premier ministre britannique, et je pris bien garde de ne pas écarter le petit doigt, en tenant ma tasse.

c'est un clin d'oeil à ses propos de la page 72:

Et avec cette habitude qu'elle avait de me couvrir de « professeurs » - professeur de calligraphie – Dieu ait pitié de lui! S'il pouvait voir mon écriture, le pauvre se dresserait sûrement dans son cercueil – professeur d'élocution, professeur de maintien – là non plus, je n'ai pas fait preuve de beaucoup d'aptitude, et tout ce que j'ai retenu de son enseignement, c'est qu'il ne faut pas écarter le petit doigt en tenant ma tasse de thé – professeur d'escrime, de tir, d'équitation, de gymnastique, de... Un père aurait fait beaucoup mieux l'affaire.

Dernier tour

dans le restaurant tournant qui va sans doute fermer ses portes en octobre, quand cet hôtel deviendra une résidence étudiante. Cette fois, j'ai demandé que les thés/tisanes nous soient servis pendant le repas, ce qui fut finalement complété après notre troisième visite au buffet.  Les tasses furent d'abord apportées, plus tard l'assortiment de sachets sur un plateau (Tazo: menthe, Earl Grey, fruit de la passion et thé vert), chaque sachet élu dûment planté dans la tasse correspondante, il ne nous restait plus qu'à les déballer et les plonger dans l'eau chaude de la théière. 

Nos invités qui revenaient du Pérou ont tous deux choisi fruit de la passion: sa belle couleur a quand même nécessité du sucre et sa température a eu les effets escomptés, réchauffer l'une et dégraisser le système digestif selon l'autre.

juillet 2013

C'est bien moi qui ai pris le thé vert, n'ayant guère le choix. J'aurais juré que ce n'était pas cette marque qui était offerte à notre première visite en 2009

 

 mais j'aurais été incapable de dire que c'était Lipton sans l'aide des photos de l'époque.

juillet 2009

 

Belle ouvrage

Le billet du jour de Camellia sinensis m'a fait un tel plaisir. Non pas que je connaisse personnellement Julie Lavoie, nous admirions à haute voix sa glaçure verte au Salon des métiers d'art en décembre et une jasette plus tard, repartions de son kiosque avec une théière et un bol assorti. Mais justement, cela suffit pour nous réjouir du premier prix que sa théière vient de remporter au concours Terre et thé tenu cette année aux 1001 pots de Val-David. Sur trente théières finalistes, la sienne a fait l'unanimité des experts "utilisateurs de théières". Je les félicite pour leur discernement.  C'est de la bien belle ouvrage, mes photos ne lui rendent pas justice, tant pis puisque les mérites de ces porcelaines sont officiellement reconnus.

bol et théière de Julie Lavoie

Princier

 

Spill the tea est normalement un incitatif à la confidence mais dans cet article millions of Brits just spilled their tea, je crois que l'expression est plus littérale et fait cette fois référence à la surprise qui a étouffé ceux qui avaient misé sur une fille.
Twinings pare à toute éventualité en vendant un thé blanc pour souligner l'arrivée d'un bébé, un Yunnan pour celle d'un garçon et une menthe pour une fille. Il y a même un concours ouvert à tous les nouveaux parents du 22 juillet 2013.
Y a-t-il eu un théier planté le jour même en l'honneur de ce prince de Cambridge? Quand aura-t-il droit à son premier cambric tea? Y aura-t-il un  jour un thé créé selon ses goûts, ou pour souligner son mariage? Qu'il reçoive d'abord un prénom.

Floral

Au premier répit accordé par la canicule, hier, m'est revenu un goût de thé chaud en après-midi. M'est aussi revenu le souvenir des jardins de Métis que nous avons visités il y a tout juste 25 ans: ne me restait-il pas un thé de ce nom à goûter? Eh oui.

 

Il y a des fleurs à travers le thé vert mais aucun pavot bleu, emblème de ces célèbres jardins. Les graines auraient pu donner un goût de noisette, semble-t-il.

Même si les pétales de rose précèdent les fleurs de jasmin dans la liste d'ingrédients, c'est ce dernier qui domine, noie, écrase.

Est-ce lui qui m'a causé ce léger reflux gastrique, cette douleur sous l'os frontal? Je n'ai pas fini la tasse.

Fortuité

J'aime la toile et sa fortuité.
Ainsi le 13 juillet, je levais le nez sur cette mosaïculture d'un high tea tout en fleurs, présentée au Hampton Court Flower Show et offerte sur flickr: je l'ai jugée excessive, démodée, kétaine.
Crache en l'air... tombe sur le nez levé!!!
Voilà qu'hier, je découvre le Cultural Institute de GG et bien sûr, ma première recherche avec cet outil a été tea, et parmi les presque deux cents résultats obtenus, ne voilà-t-il pas que surgit ce service à thé tout aussi couvert de fleurs... de porcelaine!!! Meissen, 1744.
Je m'incline devant ces chefs-d'oeuvre, non de goût qui ne correspond pas au mien, mais d'habileté et de patience en plus d'être des réussites techniques en céramique et en horticulture.

:-)

Il y a un mois, une première photo est apparue sur flickr et plusieurs autres depuis, jusqu'à ce que je me décide à faire une recherche teapot+Utrecht pour aussitôt trouver ce video sur son transport:

Compte-gouttes

Où étais-je depuis 2009?? Je viens de découvrir hier qu'en plus d'une journée mondiale de l'eau célébrée le 22 mars, nous avions, localement, une journée compte-gouttes le 15 juillet. L'eau étant la mère du thé, j'apprécie les efforts collectifs pour lui manifester tout le respect qu'elle mérite: restreindre l'arrosage, distribuer des bacs de rétention d'eau de pluie, exiger que les fontaines fonctionnent en cycle fermé... Quand on ajoute une canicule au problème, il devient: comment boire plus d'eau sans en gaspiller?
Depuis 2011, j'utilise un distributeur d'eau, en fait une urne équipée d'un robinet. La première, Eau-à-zis, était en verre et n'a pas résisté à mes lancers de glaçons.  La deuxième présentait une faiblesse au niveau du robinet. Nous en sommes à la troisième, Barbàeau, très appréciée de tous par temps chaud. Quand elle ruisselle de condensation, garantissant une eau glacée, personne n'est tenté d'aller à l'évier pour y faire couler longuement une eau qui restera tiède.
Personne ne réclame de thé glacé non plus. Ma deuxième infusion à froid des feuilles qui viennent de servir pour mon thé du matin m'attend dans le frigo et me satisfait, sans glaçons ni citron.

Bastille Day

 J'avoue que ça ne m'a pas sauté aux yeux à ma première lecture de l'original.

“Sure.” I gazed along the line opposite with my best imitation of co-workerly love. “My name’s Paul West,” I told them. I saw them all practice saying my name. “I was in at the creation of Voulez-Vous Café Avec Moi. We launched in July last year – July the fourteenth, of course, Bastille Day – with five cafés in London and the southeast, and then launched the others in the major British cities and shopping malls in three waves of ten. I’ve brought a report with me so that you can read the full story.

Stephen Clarke A Year in the Merde 2005 Penguin

Quand j'ai lu la traduction en français, non plus. 

- Oui, bien sûr. (Je regardai la brochette de collègues en imitant un regard débordant d’amour.) Je m’appelle Paul West, dis-je tandis qu’ils s’activaient à répéter mon nom pour se le mettre en bouche. J’étais au départ de la création de Voulez-Vous Café Avec Moi. Nous avons démarré en juillet dernier – le 14 juillet évidemment –avec cinq cafés à Londres, puis nous avons ouvert les autres dans les principales grandes villes et les centres commerciaux, en trois vagues de dix. J’ai avec moi un rapport qui vous permettra de lire l’histoire complète.
Stephen Clarke God save la France  Nil éditions 2005 

Il a fallu que Corey en parle aujourd'hui pour que j'allume.

Sorties

Parce que mon invitée a choisi d'arriver à l'ouverture du musée, je l'ai amenée directement chez Nocochi où nous avons opté pour le menu du jour, probablement pour retourner au plus tôt à nos retrouvailles. La soupe était savoureuse, de même que la glace au Casanova, mais entre les deux, le risotto, "d'orge" n'avions-nous pas saisi, ne retenant qu'épinards et tomates séchées, nous a laissé sur notre faim puisque nous ne l'avons que pignoché. Après le brunch de décembre, ce dîner de juillet est ma deuxième déception. Moi qui garde un si bon souvenir du thé de l'après-midi d'août!

Si mon invitée était arrivée à 13 ou 14h, nous aurions d'abord visité Chihuly avant d'aller prendre l'afternoon tea. Lui aurais-je alors donné le choix, sur la même rue, entre Nocochi et Thé kiosque? En la prévenant que ce deuxième endroit est minuscule, trois tables hautes avec tabourets à l'intérieur et trois tables sur le trottoir. On n'aurait guère pu espérer, en juillet, que le personnel répète l'intervention de mai: ma fille et moi avions constaté que les rares tables étaient toutes occupées à l'intérieur et il n'était pas question d'aller occuper celle en bordure de rue, alors le jeune employé l'a rentrée et placée au bout du comptoir, avec deux chaises. Juste pour ça, il méritait déjà un bon pourboire! Non seulement le service a été parfait jusqu'au bout, les pâtisseries et les thés nous ont plu,

Opéra au matcha. Margaret Hope.

ma fille a même aimé son thé glacé aux fruits des champs! Est-ce le temps qui fait son effet?

Gâteau aux bananes - Thé glacé aux fruits des champs

Ce qui me rappelle que je n'ai pas encore essayé mon éco-tasse en bambou achetée ce jour-là.

Thé Kiosque, rue Mackay près du métro Guy-Concordia

Pour en revenir au dîner, il s'est agréablement conclu sur un thé, Darjeeling pour moi, et Hojicha pour mon invitée, très thé vert. J'en ai profité pour m'informer plus précisément des interdictions imposées par la chimiothérapie: les aliments réputés pour leurs antioxydants sont proscrits pour ne pas contredire la médication. Une tasse de thé par jour est tolérée mais ce n'est pas le temps de faire une cure d'asperges, par exemple. Et j'ai jugé que 1) ce n'était pas le moment de débattre des quantités d'antioxydants offertes aussi par les thés noirs, chiffres de Camellia sinensis à l'appui, que 2) elle avait déjà bien trop de choses à décider pour sa santé sans que j'alourdisse son fardeau de choix. 

Ce fut une belle après-midi.

Substitution

 

Je fais ce gâteau depuis des lustres, d'abord pour l'anniversaire d'A, puis comme bûche du réveillon. Quand M déclare que c'est son gâteau favori à elle aussi, j'en fais trois fois par année. Moi qui n'aime pas le café, il me faut en mettre dans la pâte, dans la crème fouettée et dans le glaçage. En 2010, ras-le-bol, j'ai créé une nouvelle recette de bûche, poire et framboises. En 2012, A eut droit à ma première crème glacée maison en lieu et place de son éternel gâteau d'anniversaire. Cette année, j'ai pensé revenir à la tradition en l'adaptant à mon goût: thé plutôt que café! Le gâteau et le glaçage n'y ont vu que du feu, comme le jubilaire qui n'a même pas remarqué un changement bien plus flagrant: l'absence de crème fouettée. Que j'ai choisi de supprimer plutôt que d'y ajouter du thé réduit en poudre au mortier, ce qui aurait vendu la mèche. Pourquoi gâcher son plaisir? Et pourquoi ne pas avoir substitué plus tôt le thé au café??!! Que ce soit dans la pâte à gâteau éponge ou pour faire fondre le chocolat, il n'y a de différence qu'au goût.

Partis du thé

 Tous les livres qui abordent l'histoire du thé parlent des guerres qu'il a causées: d'abord celles de l'opium entre la Chine et l'Angleterre, puis entre celle-ci et les colonies qui s'unirent officiellement  pour devenir les USA en 1776.
Quand il est question de la consommation américaine, les auteurs se contentent généralement de parler de thé glacé et de l'invention fortuite du sachet de thé. Bien peu parlent du thé cultivé,  et de ceux-là, la plupart ne le situe qu'en Caroline du sud.
Or les plantations de thé se multiplient en terre américaine, comme le prouve bien cette toute nouvelle association.

La United States League of Tea Growers a tenu sa première assemblée le 8 juin 2013 pendant la World Tea Expo de Las Vegas. Tony Begely a écrit un article détaillé  le 15 juin, qui se termine sur un diaporama offrant quelques photos des plantations et des producteurs. Je compte 13 points sur la carte fournie à la troisième diapo: je dois rafraîchir ma carte des pays où pousse le thé puisque je n'ai que 8 fanions dans tous les US, deux sont rouges pour signaler les projets.
Je souhaite que cette ligue réussisse au point d'éclipser le tea party dans les nouvelles.

Publicithé

Comme si l'application Presse+ ne me grugeait pas assez de temps le matin, débordant largement de mon déjeuner thé+muffin, j'ai jugé bon de rajouter celles du New York Times et du journal Métro. Si NYT ne présente qu'une vitrine des plus récentes nouvelles dans sa version gratuite, Métro fournit une version complète du quotidien papier, qui diffère de ce que je trouve en ligne sur le portable, notamment les publicités. 

Bref, choc ce matin en "tournant les pages": cette tasse que tient Louis, le porte-parole d'un certain distributeur, c'est une Peach Blossom! J'en mettrais... mon doigt dans l'anse de la mienne!

 Ce type me remet en mémoire la pub aperçue à la télé en mars: un gars infusait une carte anti-stress dans une tetsubin. (troisième en bas de l'article)