Non sans inquiétude, elle imaginait une foule de contremaîtres semblables à M. William qui, quotidiennement, vérifiait et pesait sa cueillette. En général, le quart de sa cueillette était repoussé : « feuilles abîmées… bourgeons endommagés… » Répétées à satiété, ces réflexions blessaient Maya Devi qui accomplissait sa tâche avec conscience. Toutefois, que ce soit par une forte chaleur ou par un déluge, il fallait gagner de quoi subsister. La pire période se situait en été quand les sangsues la harcelaient. Semblables à d’inoffensifs petits fils noirs, elles se collaient à ses pieds, ses jambes. Personne n’échappait à ce fléau et sa mère, qui dès l’aube partait sa hotte sur le dos, savait qu’elle ne parviendrait pas à maintenir sa légendaire rapidité tant elle devrait lutter contre les suceuses de sang.
Dominique Marny Darjeeling1996
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