- Mais je me demande si le plus grand bienfait ce ne fut pas le thé! Ce n'était déjà plus tout à fait l'essentiel. C'était peut-être même déjà une extravagance. Mais le réconfort que ce fut au cours de nos voyages au grand froid! Je peux me rappeler la première gorgée de thé bien chaud et sucré que cherchait à me faire avaler ma défunte mère, un soir, alors que j'étais encore un tout jeune enfant. Je ne voulais pas, je pensais qu'il s'agissait d'une de ses vilaines potions d'herbe contre la fièvre. Elle, elle riait, disant : petit bébé, tu verras, quand tu auras goûté. Et en effet, quand j'eus goûté, tout de suite j'en demandai encore. Pour la première fois de notre vie, une vraie chaleur nous atteignait au fond du corps et de l'âme, là où nous n'avions jamais encore été totalement réchauffés. Je me souviens : nous n'en finissions plus, assis en rond dans l'iglou, de nous passer la tasse de thé, de boire, et de rire dans une sorte d'ivresse.
Gabrielle Roy La rivière sans repos 1970 Beauchemin
Haïku ou cartoon? Je condense en deux cuillères à thé, rases ou combles. ©KH2005-2024
22 juillet 2014
Nk2
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2 commentaires:
Oh c'est beau.
Oui, c'est ce passage qui m'a fait demander à ma filleule d'observer la consommation de thé pendant son stage là-haut. J'ai bien peur que le thé ne soit plus à la mode chez les jeunes Inuit.
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