17 juillet 2014

Clic!

Nous étions à la caisse pour payer notre repas - des nouilles mais surtout des légumes d'une rare perfection - quand j'ai saisi une des boîtes de thé en vente et demandé si elles contenaient toutes du pu erh. Le propriétaire, taïwanais d'origine, a fermé la caisse, ouvert une même boîte et quand j'ai déclaré que humer me suffirait, il a plutôt sorti une théière de métal et affirmé qu'on devait goûter et n'acheter que si ça nous plaisait.
S'est ensuivie une séance de dégustation improvisée commençant avec ce pu erh. Quand j'ai parlé du thé qu'il avait servi à A lors de sa première visite - le restaurant venait d'ouvrir, en mars - et que j'avais identifié comme un genmaicha d'après sa description, une deuxième théière et des tasses d'un autre style sont apparues, de même que le sac confirmant que j'avais bien deviné.
Voyant notre intérêt pour le thé, il a aussi extrait, toujours de sous son comptoir, comme un magicien tire des mouchoirs et des lapins de son chapeau, un service à gong fu cha, en porcelaine (mer à thé, gaiwan, quatre coupes plus petites que des coquilles d'oeuf) qu'il a rangé après avoir expliqué qu'il faut prévoir deux heures pour en profiter pleinement.
J'ai oublié ce qui nous a valu les troisièmes tasses, plus petites, pour accueillir la liqueur de la troisième théière, en porcelaine celle-là: ce High Mountain de Taïwan n'était pas à vendre. Les confidences de cet immigrant de fraîche date se poursuivaient et je me disais que le thé serait imbuvable... Ô présomption! Quand il l'a versé dans nos tasses, le parfum prometteur n'a pas menti. Quand il les a remplies à nouveau, la liqueur était toujours aussi fleurie, sans amertume. Il a remis de l'eau dans la théière... toujours aussi plaisant.
Une heure et demie après notre premier passage à la caisse, nous y sommes passés pour de bon car l'heure de fermeture (20h) approchait, d'ailleurs il a barré la porte derrière nous.
C'est un petit restau familial, le loyer est moins cher sur cette rue transversale, entre la bibliothèque et la caisse pop, que sur la rue principale à deux pas de là. La vue, pas plus que le décor, ne valent le détour, ces thés que nous avons tant appréciés ne se trouvent pas sur le menu. Même s'ils souhaitent voir grossir leur clientèle, il n'y a qu'une vingtaine de places, pour des clients pas trop pressés car tout est fait par Monsieur Taïwan et Madame Japon, au fur et à mesure. Après une première année passée à détester l'hiver trop froid et l'été trop chaud, il a opéré un changement d'attitude pour faciliter son adaptation. Il a décidé de considérer les vols de ses petits gâteaux fourrés à l'ananas, en forme de Taïwan, comme un compliment.

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