(30 mai 1912)Les affaires de la ¨Mission¨ n’ont pas l’air de s’arranger auprès du prince qui est en même temps le chef religieux du pays. Hier, le Révérend et sa femme ont eu un long colloque avec lui à l’issue duquel ils ont prié le maharadjah de prendre le thé chez eux. Nous avions décidé de prendre le thé entre nous. Les Owen qui avaient constaté à l’entrée du prince, le matin, que nous étions fort camarades demandent naturellement que l’on aille me prévenir qu’ils seraient heureux de m’avoir aussi....A la Mission House, toutes les demoiselles sont au pied de l’escalier de la véranda. Salutations, présentations. Puis, tout le monde s’efface pour laisser le prince monter les degrés. Mais celui-ci ne voudrait pas, surtout devant des étrangers et des chrétiens, passer devant moi qui représente une personnalité religieuse selon la pensée de l’Asie, et je crois bien qu’il s’amuse un peu à exagérer sa déférence pour se payer la tête des missionnaires. Ce que voyant, on s’empresse de me servir le thé la première et toutes ces bonnes gens prennent une idée vague, et d’autant plus impressionnante qu’elle est vague, de l’importance que je puis avoir et de l’influence que je puis exercer sur le chef religieux du Sikkim.
Alexandra David-Néel Journal de voyage 1 Presses Pocket
Aucun commentaire:
Publier un commentaire