On fit ainsi le tour d’une dizaine de familles; parfois la fumure était correcte, parfois non, mais c’était partout mieux que chez Jinling. Shi Debao, mine de rien, propos en l’air, émit l’opinion que, si d’aventure on cueillait le thé cet hiver, il n’aurait sans doute goût de rien; le sous-chef du village, Detian, n’y voyant aucune malice, se lança dans un long exposé : le thé de printemps, c’était amer; celui d’été, c’était âpre; le thé d’automne, ce serait bon à boire, mais on pouvait pas le cueillir; quant au thé d’hiver, c’était encore moins la peine d’en parler! Les bêtes, les plantes, tout ça, pour bien passer l’hiver, ça faisait le plein, ça accumulait des réserves; les choux et les raves, par exemple, passé le premier givre, ils avaient bien meilleur goût! Et le thé, le thé, c’était pareil!
Quand Detian eut fini de pérorer, Shi Debao conclut : « Et alors, puisque c’est comme ça, d’après toi, pourquoi on mobiliserait pas les masses pour une grande cueillette de thé d’hiver? Ça ferait une nouveauté du tonnerre sur le marché! »
Liu Xinglong Du thé d’hiver pour Pékin v.f. 2004, v.o.c. 1997
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