19 février 2021

Le temps passe

 J'ai commencé ce billet à la deuxième et nous voici à la quatrième semaine du semestre d'hiver 2021. S'il était à la retraite -  même après 42 ans d'enseignement, il n'y songe pas -, le temps serait une brume, un brouillard depuis mars 2020.

Le nouveau vocabulaire témoigne de l'adaptation de l'enseignement en mode pandémique: télétravail,  formation hybride, cours comodaux, dyades de tutorés-tuteurs...

Ce qui m'a rappelé l'exercice annuel de "dis-moi dix mots", besoin d'air en 2021. Moins bon qu'en 2020, le thé n'ayant rien en commun avec foehn, buller, éolien et chambre à air, du moins dans mes fiches de lecture.

La nausée persistait, mais elle n'exerçait plus sa pression hystérique. Il aurait voulu une chose simple, du thé pour mouiller ses lèvres sèches comme des ailes de mouches crevées. Mais plus rien n'était simple. Faire chauffer de l'eau sur un réchaud à charbon pour préparer le thé, le petit miracle du feu qui embrase une allumette, le nombre parfait de feuilles dans le fond d'une tasse en porcelaine ébréchée, tout cela s'était évanoui.                                                                    Dragonville 2. Encre de Michèle Plomer 2012 Marchand de feuilles

Pipliang (Kansu) Chine 17 mai 1918

En guise de femmes de chambre en tabliers de bonnets brodés, tasses et gâteaux étaient présentés par des soldats ceints de cartouchières démesurément garnies, le revolver à la ceinture ou le rifle pendu à l’épaule. Il y en avait même un qui portait une arme, sans doute dernier cri, que je ne sais comment dénommer. Un superbe gland, naturellement, rehaussait la beauté de cet outil de massacre et même un carré de soie rouge s’y joignait. Je t’assure que cet instrument donne de l’allure à un homme circulant des tasses de thé à la main.                                                               Journal de voyage 2, Lettres à son mari, 14 janvier 1918- 31 décembre 1940,d’Alexandra David-Néel, éditions Presses Pocket

Juste après la vente, monsieur Gu a regagné Jing Hong où il avait invité à dîner une cinquantaine d’amis au Sightseeing Hotel. Pratique, cet établissement se situe à six kilomètres de l’aéroport où le jet se tenait prêt à décoller. Le repas a duré un peu. Deux charmantes hôtesses ont su correctement prolonger la soirée de mon maître. Il est resté dormir à l’hôtel. Au matin, le thé avait disparu. Pareil pour un des trois hommes chargé de le garder.  

T d'Arnaud Formal, 2010 Édition Dominique Défossez


Une fois le repas terminé, mon père suggéra d'aller voir les bouddhas et les caves creusées derrière les statues dans les falaises. Ce n'était pas loin du chai khana à pied.  …

Je n'avais jamais vu de statue auparavant, même de petite taille. Dans l'islam, les statues sont haram – interdites – et l'ont été depuis l'époque de la seconde loi du prophète Moïse. On apprend que seul Dieu peut créer un être vivant et lui insuffler la vie : les hommes ne doivent pas fabriquer des statues et essayer de rivaliser avec Dieu. Rien ne m'avait préparé à ce sentiment d'admiration qui m'envahit. 

Kaboul était un vaste jardin, de Qais Akbar Omar 2014 Robert Laffont A Fort of Nine Towers 2013

Le thé a infusé. Bunty explore l’intérieur de la théière avec sa cuillère et se verse une tasse. Ma toute première tasse de thé.

Elle s’assied à la table de la cuisine et recommence à rêver, laissant derrière elle sa déception à l’égard de Buck et son mariage bâclé avec George, pour gagner un endroit où la brise d’été agite mollement un voile vaporeux.

Dans les coulisses du Musée¨, de Kate Atkinson 1996 Behind the Scenes at the Museum 1995

Le cas de fragrance est curieux dans les extraits trouvés: seulement en anglais.

Just the physical process we experience when we drink tea – our search for huigan – causes us to turn inward and reflect as the liquor coasts our tongues, shimmers down our throats, and then rises again as fragrance.

Le simple processus physique que nous éprouvons quand nous buvons du thé – notre recherche de huigan- nous pousse à nous tourner vers nous-même et à réfléchir tandis que la liqueur enveloppe notre langue, glisse dans notre gorge pour s'élever à nouveau sous forme d'arôme.

 The fragrance from the camphors is soothing to us, but it also wards off insects and pests.

 L'odeur du camphre est apaisante pour nous, mais elle éloigne aussi les insectes et les nuisibles. 

The Tea Girl of Hummingbird Lane de Lisa See 2017

Extrait de La mémoire du thé de Lisa See 2018


 

2 commentaires:

Francine a dit...

Je n'ai pas vraiment compris le sens, certainement profond, de ce long billet et pourtant depuis ce week-end mes neurones sont en pleine forme!...

Thé noir a dit...

Alors ce doit être les miens qui auraient besoin de matcha et de déconfinement, ce qui réussit même à la température chez toi. Bonne semaine printanière!