Après le livre de Haskell, j'ai demandé à Fille Aînée quel était, déjà, ce si beau livre acheté pour son filleul dont même les adultes raffolaient.
Dès la réception de sa photo
j'ai réservé le livre à la bibliothèque municipale et je viens d'en finir la lecture à voix haute.
L'auditeur aura le loisir de le feuilleter pour admirer et détailler les superbes planches.
Dans la XXIIIe, j'ai aussitôt repéré ce chashitsu,
|
coin supérieur droit |
qui avait droit à un bout de texte.
Quant à cette légende
elle me rappelle que je n'ai toujours pas retrouvé le dvd d'Avril enchanté. Ce ne sont pourtant pas les jours pluvieux qui ont manqué pour le regarder en "milieu ambiant".
Notre filleule et son conjoint ont visité le Sri lanka l'été dernier. La photo de leur afternoon tea est arrivée dès le 4 août, sans légende. Leur blogue a paru au compte-gouttes en 2019, j'ai prélevé les passages de thé.
Quoi de mieux pour se reposer alors que de faire un arrêt à T House by Dilmah, une magnifique maison de thé? Crème glacée au thé noir, thé glacé à la cannelle, gaufre aux légumes et thé noir à la vanille, le tout à l’air climatisé : impossible de demander mieux! Colombo 28 juillet
Au menu, à nouveau un déjeuner sri lankais, avec des « hoppers » cette fois (des genre de crêpes avec des œufs) et des galettes de lentilles piquantes. Et bien sûr, du thé avec un nuage de lait! 30 juillet
Je pensais bien faire en me commandant un café, mais j’ai vite déchanté en goûtant l’eau de vaisselle qu’on m’a servie! Note à tous ceux qui pensent aller au Sri Lanka un jour : dans un pays où le thé est roi, ne buvez pas de café!! Tangalle 31 juillet
À 5h du matin, les yeux bouffis de sommeil, c’est dans une ambiance pâteuse qu’on a pris le thé et quelques gâteaux avec le couple de backpackers qui nous accompagnerait pour ce safari matinal. éléphants 2 août
notre objectif du matin : Uva Halpewaththa Tea Factory! Un minibus miraculeusement climatisé (ça existe ici??? on n’y croyait plus!) nous a déposé jusqu’à l’arrêt de la fabrique de thé, au bas d’une colline. De là, c’est dans un cadre enchanteur et verdoyant qu’on a gravi les 2 km de route de montagne qui serpentaient le long des champs de thé, afin de nous rendre à notre destination du jour.
...
De l’extérieur, notre usine de thé ressemblait à un gros baraquement en tôle ayant mal vieilli. Pas exactement l’endroit le plus invitant! À l’intérieur, c’était obscur et poussiéreux, avec de vieux planchers grinçants qui donnaient l’impression d’avoir 3000 ans d’existence. Euh… C’est bien ici qu’on produit certains des thés les plus réputés au monde?Parenthèse : malgré sa petite taille, le Sri Lanka est l’un des principaux exportateurs de thé au monde. Par exemple, le thé Lipton, que vous connaissez tous, vient d’ici. L’industrie emploie aujourd’hui près d’un million de personnes et apporte une contribution importante à l’économie nationale. Ce sont les Britanniques qui sont à l’origine de ce succès. Même si leur domination coloniale du pays n’a pas été très appréciée, ils ont eu la main heureuse avec le thé : il faut bien leur donner ça! Après avoir volé des plants de thé en Chine au début du XIXe siècle, ils ont remarqué que le climat frais et humide de la région des Central Highlands se prêtait particulièrement bien à la culture de ce végétal. Ce fut un bouleversement majeur pour cette colonie qui, jusque là, rapportait bien peu à Sa Majesté : les cours de la cannelle s’était effondrés et les tentatives de cultiver du café avaient échoué misérablement. Dès lors, l’essentiel de l’activité sri lankaise s’est tournée vers cette nouvelle manne, qui a radicalement transformé le pays. Des champs de thé et des usines sont apparus partout dans les montagnes. Comme on manquait de main-d’œuvre pour y travailler, les autorités y ont « importé » des Tamouls venus d’Inde, modifiant à jamais la composition ethnique du pays. Et puisqu’il fallait bien faire sortir la production de l’intérieur de l’île vers l’Angleterre et le reste du monde, un chemin de fer, véritable prouesse technique, fut percé à travers les montagnes vers Colombo. Aujourd’hui encore, toute la région vit au gré des aléas de l’industrie du thé… et fait le bonheur des amateurs du monde entier!
Une fois dans le bâtiment, on a vite été rejoindre plusieurs touristes qui attendaient dans une salle, un peu décontenancés. Après un certain temps, un vieux Sri Lankais bourru mais attachant est venu nous faire une présentation sur le thé. C’était très intéressant! Vous saviez par exemple que le thé est encore aujourd’hui toujours cueilli à la main, et qu’on ne récolte que 3 feuilles sur chaque nouvelle pousse de l’arbuste? Le vieux monsieur, qui imposait naturellement le respect avec son air sévère et sa voix puissante, prenait un plaisir évident à ponctuer son exposé de moments où il intimait fortement à certains membres du groupe de poser différentes actions : « Regarde ces feuilles de thé séchées! » « Sens le thé! » « Toi, passe la boite à ton voisin! » Haha! Il me faisait penser à l’un de mes profs de maths au secondaire, un vieil Arménien tonitruant qui enseignait à l’ancienne et qui envoyait allègrement valser la pédagogie moderne. Ses méthodes peu orthodoxes mais furieusement efficaces incluaient tout un arsenal de moqueries, de blagues non politiquement correctes et de remontrances à moitié sérieuses envers les étudiants, en particulier vis-à-vis de ceux qui étaient peu habiles avec les chiffres (comme votre serviteur, qui en a fait les frais à maintes reprises!). Eh bien, croyez-le ou non, c’était unanimement le professeur le plus apprécié et le plus respecté de l’école (et je m’inclus là-dedans). Pas un mince exploit face à des ados de secondaire 4 et 5! Notre guide sri lankais sortait exactement du même moule et était animé par la même passion profonde pour son métier. C’est probablement pour ça qu’on l’a tout de suite trouvé sympathique!On a suivi ensuite notre nouvel ami pour une visite en profondeur de l’usine. La plupart des employés étaient déjà partis : ici, les quarts de travail commencent et finissent très tôt le matin, au moment où la chaleur est moins écrasante. En cette fin d’avant-midi, l’usine était presque déserte! Curieusement, les machines utilisées pour trier, sécher, filtrer et broyer les feuilles de thé étaient loin d’être des merveilles technologiques! En fait, beaucoup d’entre elles semblaient dater de la révolution industrielle… Apparemment, ce n’est pas par manque d’innovation dans l’industrie, c’est juste que ces machines répondent parfaitement et efficacement à ce qu’on attend d’eux, malgré leur allure vétuste! Vers la fin, les machines soulevaient énormément de poussière, et je devais faire des efforts surhumains pour éviter de contaminer les stocks de thé par mes éternuements!
Le tour finissait avec des dégustations de thé, versé sans ménagement par notre guide à l’air maussade. « C’est celui-là, le Earl Grey! Goûte!! » Haha! On a acheté quelques cadeaux puis on a admiré la vue depuis le balcon de l’usine. Un magnifique panorama de collines parsemées de champs de thé s’offrait à nous. Il y a décidément pire endroit pour vivre (et travailler)!
...
On a marché le long de la route pour atteindre le sentier de Little Adam’s Peak. Ça s’est révélé être une bien agréable excursion à travers les plantations de thé jusqu’au sommet d’une montagne dénudée. De là, on avait une vue superbe sur la route qui descendait vers Wallawaya ainsi que sur les collines, les forêts et les fabriques de thé. Ella 3 août
Ce fut le début d’un décidément magnifique trajet en train à travers les collines : on n’a pas de misère à croire le Lonely Planet lorsqu’il affirme qu’il s’agit de l’un des plus beaux périples en train de la planète! La voie serpente à flanc de montagne tout le long, alors qu’on traverse des plantations de thé, de belles forêts de pins et d’eucalyptus, de nombreux tunnels, de petites cascades et des villages assoupis aux jolies gares vieillottes. On ne se lassait pas de la vue! vers Nuwara Eliya
On y a été accueillis en rois par nos hôtes, un couple de quinquagénaires très gentils, qui ont tenu à nous servir un thé et des biscuits! Le thé chaud était bien réconfortant par ce temps maussade et froid : il devait faire entre 10 et 15 degrés!
...
L’avantage d’avoir choisi de se loger dans les environs de Nuwara Eliyah plutôt que dans la ville même était d’avoir un accès facile à deux attractions locales : Pedro Tea Estate et la chute de Lover’s Leap. On s’est d’abord rendus à pied à la première, en grignotant en passant des genres de samosas aux lentilles. La visite guidée de cette usine de thé, décidément moins ghetto que celle de la veille, a été bien agréable mais un peu moins intéressante que celle qu’on avait faite. Il faut dire qu’on commençait à être des experts en matière de fabrication du thé haha! La visite se terminait par une dégustation de thé dans les beaux locaux vitrés de l’entreprise, qui donnait sur les collines et un petit lac en contrebas.
...Après cette agréable pause, on a laissé les Françaises pour partir en randonnée. Direction la chute de Lover’s Leap, à travers les plantations de thé!
...De retour à l’auberge, on s’est reposés un peu avant que je ne réalise en feuilletant le guide qu’il était en plein l’heure d’aller prendre le thé, British-style! On n’a fait ni une ni deux et on a sauté dans un bus public vers Nuwara Eliyah.
...
Aujourd’hui encore, ce gros village étendu possède un charme tout britannique. Et quoi de mieux pour se mettre dans l’ambiance que d’aller prendre le high tea au Grand Hotel?
Nous qui n’en avions jamais fait l’expérience, voilà que, pour un prix très raisonnable, nous étions attablés dans la chic salle à manger/terrasse de ce vieil hôtel devant deux thés délicieux et un assortiment élaboré de petits en-cas et gâteaux servis sur un élégant présentoir étagé! Quel luxe! On est restés au moins 2h à grignoter et à siroter nos thés (eau chaude à volonté!) en bavardant. On a recroisé les 3 Françaises venues visiter l’hôtel, ce qu’on a fait par la suite. Vous savez la scène au début de l’album Tintin au Tibet, où Tintin, le capitaine Haddock et le professeur Tournesol sont en vacances à l’hôtel dans les montagnes, et qu’ils passent leurs journées à lire, à grignoter et à se reposer avec les autres pensionnaires (avant de déranger tout le monde avec un « Tchang!!! » retentissant)? Eh bien ce genre de séjour de villégiature à l’ancienne est exactement l’impression qu’on avait en sirotant notre thé au Grand Hotel!
Nuwara Eliyah 4 août
Ce fût l’occasion de dire adieu aux collines, champs de thé et forêts de la magnifique région des Central Highlands, alors que le trajet à flanc de montagne nous donnait une dernière fois l’opportunité de réaliser à quel point cette partie du monde est superbe.
...
Notre avion partait à minuit, et il nous restait quelques heures à tuer. On en a donc profité pour retourner prendre un thé chez Dilmah! Cette adresse agréable, dans la partie coloniale de Colombo, a décidément été un coup de cœur de notre séjour dans la capitale! retour de Kandy 6 août 2018
Merci MP d'avoir publié les textes de FD!