Peu
de gens se sont passionnés autant que moi, je pense, pour la
chansonnette française quand elle nous est arrivée, vers 1930.
Auparavant, nous ne chantions guère, en français – sauf quelques
exceptions qui franchissaient l’Atlantique on ne sait comment - , que
les mauvaises traductions des chansons américaines. Puis, tout à coup,
il y eut une sorte d’invasion. Cela s’est fait avec le film parlant, je
pense. Les Québécois, qui étaient, dans ces deux domaines-là,
américanisés jusqu’à la moelle – bien plus que maintenant, on n’a pas
idée - , furent stupéfiés.
…
A
moi qui n’ai jamais aimé les grosses manières, cela plut tout de suite.
Je passais des heures près de l’appareil à écouter La Palma, Pizella,
Jean Clément, Florelle, Henri Garat, suivis, un peu plus tard, vers
1935, de Lys Gautry, Jean Tranchant, Guy Berry, tous ces noms que la
guerre a effacés. Je savais toutes leurs chansons par cœur et il
m’arrive, parfois, de me surprendre à turluter un air venu des
sous-strates de mes souvenirs… avec les mots qui suivent…
« Y avait un thé tango
Avec trente-six négros…
Claire Martin (Montreuil) La joue droite (publié en septembre 1966) in Dans un gant de fer 2005 Les Presses de l’université de Montréal Bibliothèque du nouveau monde
« La fortune a permis que ce soit elle qui annonce la fin de la guerre, le 8 mai 1945, l’un des très grands bonheurs de sa vie. »
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