11 novembre 2010

Utilité

 Je découvre la journée mondiale de l'utilité, qui a pour thème les communications cette année.  Marshall McLuhan a établi que "le médium est le message". S'il est vrai qu'une yixing annonce un thé chinois, une Royal Albert un English Breakfast, et qu'un thé fleurissant réclame une théière de verre, la tâche d'une théière est d'infuser le thé et de le verser. La théière doit communiquer avec la tasse, en tête à tête, sans jacasser aussi avec la soucoupe, la table, la nappe ou le napperon. On lui reconnaît comme qualité supplémentaire de garder chaud le thé qui ranimera la conversation.
En ce jour appréciable, et parce que j'ai remis cet exercice depuis trop longtemps déjà, j'ai procédé à l'essai technique des deux plus récentes théières (2008 et 2009) encore inutilisées de mon billet précédent.

 
J'ai versé de l'eau bouillante dans les deux, jusqu'à capacité maximale. Moi qui aurais juré qu'elles avaient une contenance de 3 ou 4 tasses, ma surprise a été grande de mesurer ± 500ml en vidant chacune dans une tasse graduée.
À l'aide d'un thermomètre à infrarouge, j'ai mesuré la température du ventre des théières.
                          une fois plein et                        après 3 minutes
                               le couvercle en place      
   Remorqueur             83.6°C                            80°C
    Raku                       34°C                               74°C

Après 3 minutes, le couvercle de la raku est à 58°, supportable pour retirer d'éventuelles feuilles de thé.
Quant au remorqueur, sa cheminée, qu'on doit saisir à pleine main pour verser, est à 74°, beaucoup trop chaud pour les doigts. Je ne me vois pas enfiler une mitaine de four, fût-elle en silicone, pour manipuler ce corps brûlant.
La raku verse très bien, il faut toutefois garder un doigt sur le couvercle pour garantir qu'il ne tombera pas. Ah! une goutte glisse, jusqu'à la moitié du bec, et là, je dois recommencer pour m'assurer que je n'ai pas rêvé: après quelques secondes, la goutte disparaît, s'évapore littéralement. Ce n'était que de l'eau chaude, comment se comporterait une goutte de thé?
Il s'écoule au moins 15 minutes avant que je puisse saisir la cheminée du remorqueur et verser. Le jet est fin, franc. Heureuse surprise: la goutte reste sur le bout du bec, rien ne dégoutte.
Si je devais classer mes théières en ordre d'utilité, celles que j'ai présentées dans le billet précédent restent toutes sur leur tablette, à se faire admirer, soit à la retraite, soit neuves ou presque. Les théières que je préfère pour mon usage quotidien sont celles que je qualifie d'auto-suffisantes: une fois l'eau versée sur les feuilles, je peux quitter la cuisine avec tasse et théière car un système - variable selon les modèles - me permet d'isoler les feuilles une fois le temps d'infusion écoulé.
Partant d'un tel critère d'utilité, j'apprécierais un Tea Device si j'étais adepte du gong fu cha, que je me contente d'observer, comme beaucoup de mes théières. Par contre, si je me trouvais en charge de l'étape 2 du thé - la cueillette - est-ce que j'opterais pour les machines? plus ou moins mécanisées? Tout comme je cède à l'attrait esthétique d'une théière ou d'un bol, alors qu'officiellement je n'ai plus de place et n'accepte plus que les petites théières réellement commodes, est-ce que le choix de la cueillette à la main, procurant un moyen de subsistance à des millions de mains, serait plus sentimental que pratique?
Le médium est le message... je lis souvent ma tasse de thé.©KH2010




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1 commentaire:

Thé noir a dit...

Ces théières n'ont encore connu que cette eau.