25 février 2018

ça glisse

En 2012, je prenais mes notes de lecture à la main et les transcrivais dans OO avant de les archiver une fois de plus dans Drive. Je trouvais plus naturel de faire des flèches, d'entourer, de souligner une, deux, voire trois fois quand les points d'exclamation dans la marge ne suffisaient pas. Je croyais aussi, bien naÏvement, que je me souviendrais plus durablement de mes découvertes et indignations en les écrivant, nenni!
Je tape donc directement sur le portable, d'autant plus que les livres sont maintenus ouverts devant moi. J'ai pu croire que ce serait plus rapide, or il n'en est rien car dès qu'un doute, soulevé par une lecture lointaine sur l'actuelle, se pointe, je cherche dans mes fichiers OO ou sur le Net, ce qui peut confirmer mon vague souvenir ou les propos de l'auteur. C'est passionnant dans un sens et dans l'autre, seulement ça multiplie le temps de lecture, indirectement comparée, par deux ou dix. 
Et je n'ai pas encore fixé mes points de repère: qu'est-ce que je mets en majuscules, en italique, en gras? si je surligne? de quelle couleur pour erreur flagrante? faute de frappe? de date? quand ajouter un commentaire en marge, sachant qu'il ne suivra pas dans Drive?
Ayant conscience des difficultés liées à la rédaction et à l'édition d'un texte, subodorant celles de la publication, j'ai toujours une bonne dose d'indulgence à touiller dans les pages d'un livre sur le thé.
Celui-ci, 
L'heure de véri-thé d'Arnaud Bachelin
par son titre, son format et sa couverture, pourrait être un roman. À ne pas lire dans le métro car le maintenir ouvert exige un effort considérable, surtout d'une seule main.
L'ayant lu confortablement, je l'intitulerais franchement L'archéologue et le thé. La formation d'Arnaud Bachelin, qui s'intéresse au thé depuis une dizaine d'années, le fait établir des liens insoupçonnés entre les styles comme celui de la Brown Betty et de la Yixing, mieux encore entre le samovar et l'authepsa. Il est fier de ses racines au point de commencer son livre, sans préambule ni introduction, par elles. 

C'est dans la conclusion que se trouve le but de l'auteur: nous divertir. Ah. Il y a donc un index des 22 recettes en plus de la table des matières, mais aucune bibliographie. 
J'ai apprécié qu'il consacre tout un chapitre à Robert Fortune, même s'il a d'abord déploré qu'aucune correspondance n'ait été échangée entre lui et Guillemin, mais qu'il aille jusqu'à lui décerner le titre de "père du thé" aux Etats-Unis me paraît excessif. Et insuffisant le rôle qu'il attribue à Catherine de Bragrance: ce ne serait que sa consommation de thé et les porcelaines dans ses bagages qui auraient popularisé la boisson en Angleterre, il passe sous silence Bombay dans sa dot, qui a grandement facilité le commerce anglais.
Il a su dénicher des apports français au commerce (contrebande), à la diffusion (Michaux) et à la culture (salons imitent cafés) du thé, comme il a su se taire sur la position de la France en matière d'alcoolisme, de féminisme et d'esclavage.
En plus de 6 accords thé-fromage minutieusement décrits, il fournit une recette du tout récent cheese tea qui fait fureur en Asie et déferle sur le monde à présent. Ce jeune archéologue connaît les dernières tendances.

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