16 mai 2009

Thé en miettes

Aventino était seul dans sa chambre. Il allait reposer sa tasse de thé sur un plateau lorsque celle-ci glissa de la soucoupe. Voulant la rattraper, il la projeta vers le sol sur lequel elle vint se briser en une multitude de petits morceaux. Il contempla un instant les éclats de porcelaine qui jonchaient les carreaux de faïence. Ils dessinaient comme une carte nouvelle, un pays qu’il devrait désormais explorer. En épousant l’horizontalité du sol, la forme et la fonction de la tasse, certes avaient changé, mais c’était plutôt sa vie à lui qui lui apparaissait sous un nouveau jour. La tasse devrait se plier à une autre vie. Elle n’était pas devenue inutile mais différente. Tout comme Aventino. Percy qui entrait à ce moment-là dit : « Tu casses la vaisselle du maharajah, maintenant? » Aventino ne répondit pas. Il pensa : « la tasse est là, différente, mais toujours là, comme moi. » La mousson allait lentement s’installer. Cela faisait plus de trois ans qu’Aventino avait quitté l’Italie.

C’était le mois de mai, la saison où éclatent le rose clair et la tendre verdure des feuilles nouvelles.
Gérard de Cortanze Assam 2002

3 commentaires:

Francine a dit...

J'ai adoré ce livre, et toi, qu'en penses-tu?

Thé noir a dit...

Il donne à rêver, ce livre. D'ailleurs cette semaine, j'ai appris qu'il avait inspiré Guido Cattolica
http://www.diigo.com/05xpk
dont tu as déjà parlé le 9 septembre et le 15 novembre.

Thé noir a dit...

On peut voir Guido Cattolica dans un video de 2011 https://www.youtube.com/watch?v=MP20-0clBrw